Les Perturbateurs endocriniens : leurs impacts sur la santé et comment s’en protéger ?
Les perturbateurs endocriniens, des substances chimiques trouvées dans des produits du quotidien comme les détergents, cosmétiques et aliments, suscitent une inquiétude croissante pour leur impact sur la santé humaine et l’environnement. Ces substances peuvent perturber le système endocrinien, engendrant des risques pour la santé tels que des troubles reproductifs, thyroïdiens, métaboliques et surrénaliens.
En France, la lutte contre ces perturbateurs est essentielle, avec des stratégies nationales telles que la SNPE 2 de 2019, qui visent à réduire l’exposition des populations et à améliorer la réglementation et l’information. L’ANSES joue un rôle clé dans l’évaluation des risques et la mise en œuvre de ces stratégies, en publiant des listes de substances préoccupantes et en établissant des méthodes de classification.
Cet article explore en détail les perturbateurs endocriniens, leurs effets sur la santé, et propose des stratégies pour réduire votre exposition.
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?
Définition et mécanisme d’action
Un perturbateur endocrinien est défini comme une substance ou un ensemble de substances capables de perturber les fonctions du système endocrinien, entraînant des conséquences néfastes sur un organisme, sa descendance ou certaines populations. Cette définition, adoptée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2012 et reprise par la Commission Européenne, met en évidence les risques que ces substances peuvent représenter pour notre système hormonal.
Ces agents chimiques agissent en perturbant le fonctionnement normal du système endocrinien, qui inclut les cellules et organes responsables de la production et de l’action des hormones. Leur interaction peut ainsi dérégler l’équilibre hormonal, causant des dommages à la santé humaine et à l’environnement.
Les substances chimiques concernées
Actuellement, plus de 800 substances chimiques sont reconnues ou soupçonnées d’avoir des effets perturbateurs endocriniens. Parmi celles-ci, on retrouve des pesticides (comme les organochlorés, fongicides, herbicides), des plastifiants (tels que les phtalates, Bisphénol A), des retardateurs de flamme (PBDE), des revêtements (PFAs), ainsi que des produits issus de combustions incomplètes et certaines substances utilisées dans les produits d’hygiène et cosmétiques (Triclosan, parabènes).
Des substances telles que le Bisphénol A (BPA) et les phtalates sont particulièrement connues pour leurs effets néfastes. Le BPA est fréquemment utilisé dans les emballages alimentaires et certains plastiques, tandis que les phtalates se trouvent dans de nombreux produits cosmétiques et détergents.
Elles contiennent des composés œstrogéniques pouvant provoquer des réactions cutanées, des allergies, des irritations et sont même suspectées de favoriser le développement de cancers.
Les sources d’exposition courantes
Nous sommes exposés aux perturbateurs endocriniens par de multiples sources, notamment via des produits du quotidien tels que l’eau, les aliments, les emballages alimentaires, les cosmétiques, les détergents, les insecticides, les plastiques, la peinture et les textiles. L’exposition peut se faire par ingestion, inhalation ou contact direct avec la peau.
Les aliments peuvent par exemple contenir des résidus de pesticides ou des substances libérées par les emballages plastiques. L’eau peut être contaminée par des résidus médicamenteux et d’autres agents chimiques.
Les produits cosmétiques et les détergents représentent également des sources importantes d’exposition cutanée à ces substances.
Impacts des perturbateurs endocriniens sur la santé
Effets sur le système endocrinien et hormonal
Les perturbateurs endocriniens influencent de manière significative le système endocrinien, modifiant les fonctions hormonales du corps. Leur capacité à imiter, bloquer ou perturber la production, le transport, l’élimination ou la régulation des hormones peut affecter divers aspects de la santé, y compris les fonctions reproductrices, thyroïdiennes, surrénaliennes et le métabolisme.
Ces agents chimiques peuvent se fixer aux récepteurs hormonaux, déclenchant des réactions indésirables et imitant l’effet des hormones naturelles. Des substances comme le bisphénol A (BPA) et les phtalates, semblables aux œstrogènes, peuvent perturber les fonctions reproductives et d’autres processus régulés par les œstrogènes.
Risques associés aux maladies chroniques
L’exposition à ces perturbateurs est liée à une variété de maladies chroniques. Ils sont suspectés de favoriser l’apparition de troubles hormonaux tels que l’infertilité, la puberté précoce, l’obésité, et les maladies thyroïdiennes, ainsi que des cancers hormono-dépendants, des malformations congénitales et des troubles immunitaires.
Des recherches récentes suggèrent leur implication dans au moins 31 maladies chroniques graves, incluant l’asthme, le diabète, et certaines formes de cancer, soulignant leur rôle préoccupant dans l’augmentation de ces conditions hormono-dépendantes.
Effets à long terme et transmission intergénérationnelle
Les impacts des perturbateurs endocriniens vont au-delà de la génération exposée, avec des effets à long terme qui peuvent affecter les générations futures. La transmission épigénétique permet à ces marques chimiques d’affecter les gènes et de se transmettre d’une génération à l’autre, influençant le développement embryonnaire et le fonctionnement normal des organes.
De plus, ces substances peuvent être transmises de la mère au fœtus, imitant le passage des molécules naturelles, et ayant des conséquences importantes sur la santé de l’enfant, notamment sur le développement et le fonctionnement organique.
Stratégies de protection et prévention
Réduire l’exposition dans la vie quotidienne
Pour minimiser l’exposition aux perturbateurs endocriniens dans la vie quotidienne, il est important d’adopter certaines mesures. Il est conseillé d’éviter les produits contenant des substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens, comme les plastifiants incluant les phtalates et le bisphénol A (BPA).
Privilégiez les emballages alimentaires en verre ou en carton au lieu de ceux en plastique, et choisissez des produits cosmétiques et de soin personnel labellisés « sans phtalates » ou « sans BPA ».
En outre, réduisez l’utilisation de produits ménagers et de jardinage contenant des pesticides et des herbicides, reconnus comme perturbateurs endocriniens. Optez pour des méthodes de jardinage biologiques et des produits d’entretien ménager écologiques. Assurer une ventilation adéquate des espaces intérieurs et l’utilisation de filtres à air peut aussi contribuer à diminuer l’exposition aux particules et substances chimiques aériennes.
Réglementations et mesures publiques
Les autorités publiques ont développé diverses réglementations et mesures pour protéger la population et l’environnement des perturbateurs endocriniens. Notamment, la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2) en France, lancée en 2019, ambitionne de renforcer la réglementation, la formation et l’information sur ces substances.
Cette initiative s’aligne avec le quatrième plan national santé environnement (PNSE 4) et comprend des actions visant à améliorer la connaissance sur ces substances et à réduire l’exposition.
À l’échelle de l’Union européenne, le règlement REACH et les critères établis par la Commission européenne en 2018 facilitent l’identification et la régulation des substances chimiques aux propriétés perturbatrices endocriniennes. En outre, la création de deux nouvelles classes de dangers pour la santé humaine et l’environnement par la Commission européenne améliore l’identification et l’étiquetage obligatoire des produits les contenant.
Conseils pour des choix de consommation plus sûrs
Pour opter pour des choix de consommation plus sûrs, il est essentiel d’informer les consommateurs sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits. Dès le 12 avril 2024, des arrêtés ministériels exigeront la mise à disposition d’informations concernant la présence de perturbateurs endocriniens avérés, présumés ou suspectés dans les produits de consommation courante. L’application « Scan4Chem » sera mise à disposition pour simplifier cette information.
Lors de vos achats, examinez attentivement les étiquettes et les fiches de données de sécurité des produits. Favorisez les produits certifiés « bio » ou « écologiques », généralement moins susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens. De plus, soutenez les politiques et initiatives visant à limiter l’utilisation de ces substances dans les produits de consommation.
Enfin, la formation et l’information des professionnels de santé et des agents des collectivités sont essentielles. Des formations en ligne et des webinaires, comme ceux proposés par l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), sont indispensables pour renforcer les connaissances et les pratiques de prévention.
Conclusion
En conclusion, les perturbateurs endocriniens posent une menace sérieuse à notre santé et à l’environnement. Ces composés chimiques, omniprésents dans de nombreux produits du quotidien, sont capables de perturber l’équilibre de notre système endocrinien. Ils sont associés à une variété d’effets préjudiciables, incluant des troubles de la reproduction, des cancers hormono-dépendants, ainsi que des maladies métaboliques telles que le diabète et l’obésité.
Il est vital de minimiser notre exposition à ces substances en optant pour des choix de consommation plus sûrs. Cela inclut l’évitement de produits contenant des plastifiants et des pesticides, et le soutien à des réglementations et initiatives publiques destinées à contrôler leur présence. L’éducation des consommateurs et la formation des professionnels de santé jouent un rôle clé dans la prévention et la protection face à ces risques.
En adoptant des mesures actives pour réduire notre exposition aux perturbateurs endocriniens, nous œuvrons à sauvegarder notre santé et celle des générations à venir. Il est essentiel de passer à l’action et d’exhorter les autorités à amplifier les efforts de protection contre ces substances nocives.